Assassinat du père Maire: une « peine immense » pour sœur Margron
La religieuse dominicaine, présidente de la Corref (La Conférence des religieux et religieux de France) réagit après l’assassinat du père Olivier Maire à Saint-Laurent sur Sèvre.
Propos recueillis par Olivier Bonnel-Cité du Vatican
Notre réaction c’est l’effroi, l’effroi de penser qu’un homme de paix se fait assassiner, au nom de l’hospitalité, même s’il faut rester prudent. Les montfortains avaient donné l’hospitalité à cet homme qui doit avoir de graves problèmes psychiatriques. A l’effroi s’ajoutent aussi l’incompréhension et un sentiment d’impuissance. On verra ce que dit l’enquête pour déterminer s’il s’agit d’un acte de folie. Cela veut dire que depuis l’incendie de la cathédrale de Nantes, les experts qui ont examiné cet homme n’ont pas détecté qu’il pouvait avoir des accès de folie ou des actes éminemment dangereux. Nul ne peut prévoir les actes, c’est donc aussi une invitation à la pondération et à la modestie.
Mais ces frères ont fait cela par souci évangélique. Ce n’est pas le moment de mettre de l’huile sur le feu avec les discours que l’on peut déjà entendre, sur le fait que cet homme devait être expulsé, alors qu’il n’était pas expulsable puisque sous contrôle judiciaire. Ce n’était vraiment pas le problème des frères qui l’ont accueilli.
Derrière la tentation d’instrumentaliser et de politiser ce meurtre, il y a aussi cette figure de cet homme d’Eglise qui a accueilli son meurtrier…
Bien sûr cela veut dire quelque chose quant au mystère pascal. Dans ces moments-là il est difficile de raison garder. Il faut rappeler aussi que la vertu d’hospitalité est la plus grande et la première des vertus bibliques, il n’y a pas de plus haute vertu dans tout l’Ancien Testament. Jésus ne dira pas autre chose. Cela ne veut pas dire que nous sommes une bande de naïfs, que les pères montfortains et le père Olivier Maire auraient été naïfs, cela veut dire, je suppose, qu’ils ont fait cela en connaissance de cause, en prenant conseil et que personne ne leur a dit que cet homme pouvait être très dangereux. Peut-être que personne ne l’a détecté tout simplement. Saura-t-on un jour si les experts psychologiques ont failli ?
Pour le moment, ce qui s’impose pour nous, pas seulement religieux et religieuses, mais pour tous les chrétiens et j’espère au-delà, c’est d’abord du recueillement, l’expression de notre peine immense, et le partage de cette peine avec les frères qui vivaient avec lui, de ses parents et de ses proches, de toute la famille montfortaine. La deuxième phase sera d’attendre que l’enquête se déroule afin de voir s’il y a eu des défaillances. Là c’est l’horreur des circonstances imprévisibles qui est à l’œuvre.